GUIOME DAVID
Chaque jour, je vais dessiner dans la nature,
Le paysage, cette invention du XVe siècle.
Tel est le citadin qui cherche des magasins ouverts le dimanche dans la forêt.
Une paire de tréteaux et une planche en guise de table, deux feuilles de papier, quelques feutres.
Le feutre est moderne, il permet un travail vif et honnête, avec de forts contrastes et de profonds noirs et blancs.
Je l’utilise directement, après avoir préalablement dessiné dans l’espace,
Quelques gestes de ma main droite au-dessus de la feuille, à la façon d’un dessin en blanc,
Pour bien prendre la mesure de la future œuvre. Pour bien planter mon premier cyprès,
Bien poser ma première pierre, bien rentrer dans la trogne du papier.
Je vais sur de petits chemins, et je cherche un paysage, qui ressemble déjà à un dessin :
Des arbres qui s’éloignent vers l’horizon, emportés par le point de fuite de cette cicatrice de roche soulignée par un muret de pierres.
Le soleil, les ombres, la chaleur, encore un peu, les écouteurs sur les oreilles dans une bulle de musique, que je n’écoute pas,
Le dessin commence bien, tout ira pour le mieux pendant un temps.
Aujourd’hui, les arbres se faufilent entre les murs vespasiens.
De petites rues, qui semblent toutes monter, quittant le fleuve, j’entame naturellement l’ascension vers la tour carrée,
Le fou prend la tour, moulin de guerre, le château, bandé vers le ciel, lit vide, blanc de futures intentions, le changement est maintenu...